ADEME Agriculture

C’était il y a un mois : le salon de l’agriculture 2018, le rassemblement annuel célébrant la richesse du monde agricole. A cette occasion, l’Ademe publiait fin février un rapport concernant les « contributions et opportunités pour les exploitations agricoles dans le secteur des énergies renouvelables ».

Aujourd’hui, le secteur agricole produit autant d’énergies renouvelables qu’il ne consomme d’énergie traditionnelle, et son importance dans le développement de la transition énergétique n’est plus à prouver. « Cette étude prouve une nouvelle fois que la transition énergétique est une réalité et une opportunité pour les agriculteurs. Les énergies renouvelables, c’est de l’emploi dans les territoires, c’est un revenu complémentaire pour les agriculteurs, c’est un plus pour la planète. Avec la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie, nous allons encore accélérer et faire en sorte que chaque agriculteur qui le souhaite puisse s’engager pour le solaire, l’éolien, ou le biogaz » a ainsi déclaré le ministre de la Transition Ecologique, Nicolas Hulot.

Land-campagne-field

Enjeu des énergies renouvelables pour l’agriculture

Agriculture et énergies sont au cœur des enjeux pour le passage vers un monde plus durable. L’alliance des deux joue considérablement sur le développement d’une filière agricole plus verte, et sur le développement des énergies renouvelables.

Depuis la mise en place en 2015 de l’objectif ambitieux de 32% d’énergie d’origine renouvelable (EnR) dans la consommation finale d’énergie d’ici 2030, la totalité des secteurs de l’économie sont invités à participer aux efforts allant dans ce sens. Aujourd’hui, l’agriculture contribue à 20% de la production française d’énergies renouvelables. Entre les terrains pouvant accueillir éolien et photovoltaïque et la production de biomasse résultant de l’activité agricole, l’agriculture possède des atouts parfaits pour le développement des EnR.

Malgré cela, l’agriculture demeure dépendante des énergies fossiles. La production d’EnR représente aujourd’hui avant tout une source de revenu supplémentaire pour les agriculteurs – aux alentours de 1,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015.

C’est tout d’abord la biomasse qui apporte le plus aux agriculteurs (1057 millions d’euros), suivi du photovoltaïque (105 millions) puis de la méthanisation (88 millions d’euros). En plus des avantages pour l’environnement et la transition écologique, cette nouvelle activité permet donc aux agriculteurs de diversifier leurs sources de revenus. Les gains peuvent ainsi aller jusqu’à 15 000€ de revenus supplémentaires sur une année, soit 60% du revenu agricole moyen par an.

L’étude estime également que d’ici à 2050 ce sont 280.000 exploitations qui deviendront productrices.

Et le solaire photovoltaïque dans tout ça ?

Le secteur agricole offre de nombreuses opportunités pour le développement du photovoltaïque : les offres photovoltaïques toitures sont très bien développées et offrent la possibilité aux agriculteurs de revendre ou d’auto-consommer l’électricité produite. Les centrales au sol, elles, restent encore marginales, nécessitant souvent d’avoir un espace au sol suffisant.

Ainsi, la production photovoltaïque par le secteur agricole représente aujourd’hui 13% de la production tous secteurs confondus. Cette part est encore amenée à augmenter dans les prochaines années. Face à l’enjeu qui entoure le développement des EnR, et donc du photovoltaïque, des voix s’élèvent pour privilégier les installations sur toitures. Le but mis en avant étant d’éviter d’occuper des sols agricoles, ce qui nuirait à l’image de l’énergie solaire PV.

L’agrivoltaïsme comme solution à ces objectifs ambitieux

Le photovoltaïque permet donc de valoriser les surfaces qui ne génèrent normalement pas de revenu (les toitures) ou alors très peu (les terrains peu fertiles).

Toutefois, le développement de l’agrivoltaïsme permet désormais pour les producteurs photovoltaïques de valoriser une troisième sorte de surface : les surfaces arables ou déjà cultivées  (que ce soit pour des vignes ou encore des cultures arboricoles ou maraichères) tout en apportant de réels avantages aux productions agricoles dans un contexte de changement climatique.

Développé par Sun’R à travers le programme Sun’Agri, l’agrivoltaïsme désigne des centrales photovoltaïques dont les panneaux solaires culminent à 4,5m de haut. Le but est de permettre le passage d’engins agricoles au-dessous. Grâce à des structures sur trackers développées par Optimum Tracker, les panneaux sont pilotés selon les besoins des plantes grâce au développement de modèles de croissance. Ils se positionnent ainsi tout au long de la journée afin  de réguler le micro-climat reçu par les plantes. Les systèmes agrivoltaïques leur permettent également d’être protégées des intempéries comme la grêle, les fortes pluies, ou encore le gel, tout en produisant de l’énergie.

Cette solution hybride apporte ainsi une solution aux problématiques d’ordre à la fois agricole et énergétique. C’est également une réponse aux possibles conflits d’intérêt entre ces deux secteurs.